Colin gardoit un jour les vaches de son pere ;
Colin n’avoit pas de bergere,
et s’ennuyoit tout seul. Le garde sort du bois :
depuis l’ aube, dit-il, je cours dans cette plaine
après un vieux chevreuil que j’ ai manqué deux fois
et qui m’ a mis tout hors d’ haleine. Il vient de passer par là bas,
lui répondit Colin : mais, si vous êtes las,
reposez-vous, gardez mes
vaches à ma place,
et j’ irai faire votre chasse ;
je réponds du chevreuil. -ma foi, je le veux bien.
Tiens, voilà mon fusil, prends avec toi mon chien,
va le tuer. Colin s’ apprête,
s’ arme, appelle Sultan. Sultan, quoiqu’ à regret, court avec lui vers la forêt.
Le chien bat les buissons ; il va, vient, sent, arrête,
et voilà le chevreuil… Colin impatient
tire aussitôt, manque la bête,et blesse le pauvre Sultan. à la suite du chien qui crie,
Colin revient à la prairie. Il trouve le garde ronflant ;
de
vaches, point ; elles étoient volées.
Le malheureux Colin, s’ arrachant les cheveux,
parcourt en gémissant les monts et les vallées ;
il ne voit rien. Le soir, sans
vaches, tout honteux,
Colin retourne chez son père,
et lui conte en tremblant l’ affaire.
Celui-ci, saisissant un bâton de cormier,
corrige son cher fils de ses folles idées,
puis lui dit :
chacun son métier,
les vaches seront bien gardées.

Fable deFlorian, Jean Pierre de Claris, 1792

La vache qui regarde passer le TGV.